« J’ai traversé l’Atlantique à bord du Queen Mary II »

 

2 646 personnes réunies autour d’un voyage historique et d’un séminaire sur le monde du futur, vous y croyez ? De Saint Nazaire, à NY, startups et experts se rassemblent pour anticiper le monde de demain. Récit d’une traversée entre Cherbourg et New York.

Vous avez été nombreux à suivre la récente Traversée médiatisée The Bridge, à laquelle nous participions à bord du Queen Mary 2, fin juin dernier, invité par les équipes Sodebo. En effet, le Sodebo Ultim’ et ses concurrents s’élançaient de Saint-Nazaire en direction de New-York pour un run transatlantique d’une bonne semaine tout au plus. Dans la compétition, 4 trimarans de la catégorie des Ultimes (plus de 30 mètres de long) : Sodebo Ultim’ skippé par Thomas Coville, MACIF skippé par François Gabart, IDEC skippé par Francis Joyon et ACTUAL skippé par Yves Le Blevec. Chose promise, chose due, l’essentiel pour vous raconter cet épisode en billet d’humeur.

La traversée de l’Atlantique jusqu’à New York est un voyage de légende. Depuis la première traversée du Britannia de Cunard en 1840, des milliers d’immigrants européens ont fait ce trajet en rêvant d’une nouvelle vie en Amérique du Nord. J’ai vécu une semaine d’exception. Première enquête avant le départ : quelles tenues porter pendant la croisière ? Avis unanime et pour régler une fois pour toute cette question : il faut s’habiller chic. Cela s ’est traduit par 35 kg de bagages, avec des robes de soirée, des tenues de cocktail, une dizaine de paires de chaussures, des maillots de bain, plusieurs sacs et des bijoux. J’ai tout porté, évidemment (je rigole.) Reprenons. 

Saint Nazaire, dimanche 25 Juin, c’est la sirène retentissante du Queen Mary 2 qui lance les festivités dans le port ensoleillé. Début d’une incroyable course imaginée pour rendre hommage aux 2 millions de Soldats américains débarqués dans l’Ouest en 1917. Mais, si The Bridge n’est pas seulement une course, une traversée transatlantique, une commémoration historique, c’est aussi un séminaire professionnel géant étalé sur 6 jours. Nom de code ? “Club des 100”. Hum. Si t’as pas de bracelet, tu rentres pas. Entreprises, investisseurs, startupeurs, entrepreneurs, journalistes, présents pour imaginer le monde de demain, dit comme ça, ça envoie. Les parents ont troqué les enfants pour un dress code “casual chic”, (for business & pleasure), et ils sont prêts à réseauter.

Ce dimanche 25 juin, on nous demande de monter sur le pont pour le départ. À bord, ce sont des milliers de passagers qui agitent drapeaux français et américain. Il serait inutile de vous faire croire au doux cliché de la croisière s’amuse, sex cocktails et bikini, puisqu’ici rien de tout ça. La moyenne d’âge tourne autour des 55-60 ans. Au sol, des milliers de personnes venues saluer la fierté locale. TF1, BFM-TV, France Bleu, France tv, (et Dettachée svp !!) tous sont présents, branchés en direct, du ciel, de la mer ou de la Terre ! Une vraie fourmilière ! En levant les yeux, on aperçoit l’hélico de Thierry Martinez, le célèbre photographe nautique. On va partir ! L’émotion est là. J’en ai la chair de poule… La musique de fond parfait le décor.. « La Vie en rose » s’en suit d’un bruit sourd de moteur qui fait lever les yeux de cette masse de passagers.

C’est un A380 qui passe au dessus de nous. Rolala. Rien que ça. L’émotion est palpable dans les yeux de tous. Nous vivons un moment historique, les mains se serrent, le ventre se noue. Entre l’excitation et l’émotion suscitée par la présence du mythique paquebot à Saint-Nazaire, l’avion entrant dans l’arène, la course contre les meilleurs skippers du circuit, les inévitables mondanités, on se sent vivant.

24 nœuds de moyenne apprend t-on. Ce n’est pas très clair, mais peu importe on a entendu que le paquebot allait gagner, les dés sont jetés. Tout est exceptionnel dans The Bridge ! Voir les meilleurs marins se mesurer les uns aux autres sur 4 des plus grands trimarans, ceux de la classique Ultime, est déjà un évènement soi. Qu’ils le fassent sur un trajet vers l’Ouest dans l’Atlantique Nord en fait une course à nulle autre pareille. Et que le but, non seulement d’arriver les premiers à NY, mais également d’y précéder le Queen Mary 2 rend cet évènement totalement fou-dingue !

On ne risque pas de s’ennuyer si on en croit le plan du bateau qui présente un casino, une boîte de nuit, une bibliothèque, un spa, un mini tennis, un tennis de table, un simulateur de golf, quatre piscines, huit jacuzzis, dix restaurants et pas loin de 7 bars. – Après coup, on ne s’est pas ennuyé. 

Vraiment pas… 

Une dimension à la mesure du centenaire que nous célébrons, et ce avec un programme de la même envergure.. Coté soirée, la musique est à l’honneur (on l’a lu dans le journal du jour), pour ne citer que la présence de l’ancienne cantatrice Natalie Dessay, le pianiste de jazz Paul Lay, et l’ensemble classique Matheus, dirigé par Jean-Christophe Spinosi pour faire le show (si vous ne connaissez pas, on ne vous en voudra pas).

Ici, après le diner ou autre soirée mondaine, (hum hum^^ on se l’a raconte un peu), il est de bon ton de siroter un vieux malt ou un Martini Dry et même de fumer le cigare dans les salons réservés. L’ambiance est quand même très années trente, très british, avec des moquettes épaisses, des tapisseries à fleurs et les portraits de la famille royale accrochés un peu partout. Disons, que ça a son style. 1 200 employés présent sur ce paquebot de 340 mètres de long et 14 ponts, mais au final on a souvent l’impression d’être seuls au monde …

La liberté a du bon quand même. Le calme qui règne à bord du Queen Mary 2 n’a rien à voir avec l’ennui. Sur les coups de 13h, levé depuis l’aube, le ventre réclame son dû, il est temps de se rendre au pont 7, au Kings Courts Restaurant, pour découvrir les 4 buffets proposés, enfin 4, peut-être même 5 ou 6 !

18.00, il est donc l’heure de se préparer… Préparer pour ? Le « drink » d’avant dîner qu’on nomme affectueusement « l’apéro », car même sur un liner, au milieu de l’Atlantique Nord, l’apéro made in France est sacré… Chaque soir, ou presque, on change de fuseau horaire. Le dîner, lui, servi à 18h, ce qui peut paraître tôt, est en fait proposé successivement à 19h, 20h, puis 21h, etc., si on se réfère au fuseau de Greenwich. Les organismes s’adaptent lentement. On arrivera à New York sans subir le décalage horaire. De quoi donner l’envie de monter en grade. Direction le Britannia, grande salle d’apparat où les passagers peuvent diner, aussi l’un des plus prestigieux. On y mange remarquablement bien. Le repas est inclus dans le prix payés par chaque passager, mais pas les boissons, ni le vin, ni l’eau minérale.

Outre une poignée d’habitués, personne à bord n’est vraiment en vacances. On y repère un réseau d’entreprises de l’Ouest, leurs invités -eux-mêmes des entrepreneurs installés dans la région, ou des jeunes créateurs de start-up ambitieux, venus respectivement pour présenter leur projet et enclencher de nouvelles collaborations. L’audience est avisée, curieuse. Elle est dynamique et ça, ça rend l’échange intéressant.

C’est bien l’originalité de The Bridge; associer à cet événement historique la préparation de l’avenir, à travers l’engagement des entreprises dans une réflexion sur les défis du futur. Oula.., vous suivez toujours ? on n’est pas venu ici pour souffrir vous vous dites déja. Au programme de ce séminaire sur “le monde de demain” : conférences, dîners thématiques, rencontres, organisés autour de thématiques telles que : l’environnement, la géopolitique, la technologie et le rapport à soi et aux autres, bref tout un tas de questions qui arborent notre existence. Mais aussi d’autres plus orientées stratégies d’entreprises ou retours d’expériences. On apprend que d’ici à 10 ans, les voitures autonomes auront le monopole, que la data permettra une expérience client toujours plus poussée (voire intruisive?), que les entreprises ont de quoi apprendre des méthodes des startups et tant d’autres questions diverses..

Avec 12h heures de programmation par jour, le réseautage est partout : de la séance de yoga matinale au speed dating de 14h, en passant par le terrain de tennis et les transats du pont 8, voire au bar du nightclub G32 (quand vous n’êtes pas passé du coté obscur) ou encore l’espace fumeur. Tout est source d’échange. – T’as du feu ? – oui et sinon tu travailles dans quoi ? Dans le jacuzzi, il n’est pas surprenant de discuter IA (oui intelligence artificielle), Big Data ou transformation numérique. On parle de “bienveillance”, “d’innovation” ou de “disruption ». Wouah. Vous imaginez pas le bordayl. Une semaine ‘neurologiquement’ riche.

6 jours sont passés. Alors que nous appréhendions la durée de la traversée, nous n’avons pas vu la semaine passer. Nous avons pu prendre le temps de discuter avec les équipes Sodebo qui partageaient cette traversée avec nous, confrontant nos visions, nos enjeux mais aussi nos méthodes de travail. On en ressort content. Enrichis. Quand on pense que cette entreprise représente quelques milliers de salariés (et donc de familles françaises derrière), on se sent fière de pouvoir confronter nos points de vue. Ce qui est sur, est que famille est incontestablement la marque de fabrique de cette « petite charcuterie vendéenne » qu’est Sodebo, qui, (et surtout) en l’espace de trente ans, est devenue le Numéro 1 du traiteur frais au rayon libre-service. On peut rentrer en paix à Paris, cette semaine à réussie à nous redonner confiance en l’avenir de l’entreprise et ses différents modes de management.

En parlant d’au revoir et de bonnes pensées, la dernière journée est souvent celle de la réflexion : « Qu’est ce que c’est passé vite », « qu’est ce qu’on regrette pas», « est ce que j’ai bien tout fait? ». Et là, erreur! Vous avez oublié de dîner un soir dans l’un des restaurants. Vous appelez les équipes, et le couple de consommateurs rencontré pendant la croisière, vous convenez d’une heure pour ce soir, et vous réservez la dernière table disponible pour fêter la fin de cette aventure. Comment avons nous pu oublier ? Tout simplement car on dîne bien à bord des paquebots de croisière et que ce restaurant nous avait échappé. La traversée est désormais quasiment achevée, après 3415 miles nautiques de navigation à bord du prestigieux navire. Après ces dernières heures de partages et de plaisir, il faut se coucher tôt.

Céline écrivait dans Voyage au bout de la nuit: “Pour une surprise, c’en fût une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu’on découvrait soudain que nous nous refusâmes d’abord à y croire”

Samedi 1er juillet, le réveil sonne à l’aube. Il n’est pas loin de 3h du matin lorsqu’on aperçoit les premières lueurs.. Au loin.. New York. Aucun passager ne peut détourner le regard du spectacle. Le jour se lève sur Manhattan. Dès 4 h30 du matin, les passagers (dont certains en robe de chambre) commence à s’entasser sur les ponts du navire pour voir le magnifique pont Verrazano-Narrons. Faufilez-vous, prenez place et… silence, ça commence ! Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce moment quelque chose de grandiose.. Photos à l’appuie. La brume se lève, entraînant un silence admiratif. Les nuages se déplacent et s’entrelacent pour y laisser entrer le soleil.

Effet d’optique oblige, lorsque nous sommes sur le point le plus haut, devant le mat radar du navire, ou derrière la cheminée, nous avons l’impression que, jamais, le navire ne pourra passer. Chacun retient son souffle. Plus un bruit, le navire passe, sous un tonnerre de hourras et d’applaudissements, chacun se retourne en se demandant s’il en sera de même pour la cheminée. C’est bon. Ca passe. On peut relâcher.

Le Commodore Warner actionne la corne de brume, il est 5 heures du matin, nous sommes dans la baie de New York, le plus beau paquebot du monde arrive, Manhattan s’éveille… Le navire glisse lentement dans les eaux calmes de la baie. Fermez les yeux, imaginez. Alors que le “chœur des 100”, qui s’est entraîné toute la semaine sous la baguette de Jean-Christophe Spinosi, entonne Amazing Grace, le soleil se lève derrière les buildings de Manhattan. Tous traquent la même chose: la statue de la Liberté. Le chœur murmure maintenant une Marseillaise en forme de point final de cette traversée, les drapeaux français et américains s’agitent à nouveau fièrement. Un arc en ciel apparaît. Incroyable. On a du mal croire que ce n’est pas fait exprès et pourtant. Les yeux brillants, le ventre noué, sourire aux lèvres, c’est fou mais on se sent vivant, New-York Here I am ! 

Merci à la toute les Familles Brochard, Gouraud, Mercier, Bougro,  ainsi qu’à toutes les personnes de l’équipes Sodebo présentes sur place, merci pour leur dynamisme, pour leur curiosité, pour leur bienveillance, merci aussi à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette expérience, tant l’organisation que les modalités administratives et autres ! Pas prête d’oublier cette aventure ! 

TOP 10 des souvenirs de cette expérience : 

1- Avoir vécue cette traversée sur le Queen Mary 2, l’un des + gros paquebot au monde

2- Assister au départ d’un voilier à l’occasion de cette course sans précédent.

3- Rencontrer Mr le commandant du Queen Mary II en personne !

4- Voir un avion A380 volé au dessus de ma tête  à quelques dizaines de mètres

5- Assister à des déjeuners ou diner thématiques

6- Parler Big data dans un Jacuzzi

7- Passer 2H dans un jacuzzi à 37 degrés quand il ya un vent puissance 1000

8- Manger des escargots, du foie gras et du homard le même jour.

9- Faire des rencontres improbables

10- Admirer la statut de la liberté, New York, et un arc en ciel à la fois