TEDxParis 2015 : parlons « Révolutions Françaises »

Toujours présent quand il s’agit de prôner les idées qui font avancer, l’équipe Dettachée s’est rendu à la conférence annuelle TEDxParis ! 

Rien d’anormal, ce n’est pas la première fois qu’on vous parle des conférences TEDx Paris (comme ici ou là).  Cette fois, place aux couleurs inspirantes des révolutions françaises.

Car oui, le 1er novembre dernier se tenait au Théâtre du Châtelet à Paris la 6e édition de TEDxParis. En quelques mots, la conférence parisienne rassemble des intervenants spécialistes dans des domaines aussi variés qu’il en existe depuis 2009. Tour à tour, philosophes, scientifiques, passionnés, rêveurs ou entrepreneurs prennent la parole et diffusent des idées qui « méritent d’être partagées ».  À Paris, c’est Michel Lévy-Provençal, dénicheur de talents, producteur d’événements et provocateur de changements»: (car c’est ainsi que Michel alias @Mikiane, se définit sur Twitter) qui anime cette édition.

Artistes, scientifiques, entrepreneurs, intellectuels… Ici, pas question de surfer sur la folie médiatique de chacun, on présente des personnes souvent inconnues du grand public et on met ainsi en lumière ce qu’ils appelent les « signaux faibles » de notre société en mutation, ces personnes qui agissent en silence pour la changer. Plutot ambitieux, mais l’approche est géniale ! Présenter des nouvelles sources de réflexion, inspirer le public, vous, nous, et surtout donner envie de s’engager, d’entreprendre.

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Aujourd’hui c’est MA Colaciuri, l’un des Dettachée Reporter de la rédac qui partage son avis sur cette conférence. À vous les studios !

« Cette année, TEDxParis interroge la capacité de notre cher hexagone à continuer d’innover et titre : « Qu’est-ce que la France peut-elle encore offrir au monde ? ». Retour sur un événement inspirant solidement mené et qui questionne la notion de l’innovation au sens large.

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D’abord, TEDxParis fascine. 2 000 places disponibles, 30 000 acheteurs potentiels et 60 secondes chrono ont suffit pour que s’envole dès l’ouverture (sur internet) la liberté des sièges feutrés du Théâtre du Châtelet. C’est arborant mon plus beau T-shirt, dans la douceur printanière d’un dimanche de novembre, que je rejoins l’heureuse assemblée. Voilà qui pose le cadre – plutôt festif – d’une édition que j’attendais.

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La conférence démarre avec le témoignage de Elsa Wolinski, fille de l’illustre dessinateur Georges Wolinski, disparu dans l’attentat de Charlie Hebdo en janvier dernier. Le récit est touchant et appelle à la solidarité. Celle que la France porte en héritage, celle aussi qui incarne le changement. S’en suit une intervention particulièrement efficace sur l’apprentissage ludique de la laïcité à l’école. Puis, la solution d’un éleveur de mouches polytechnicien (et oui !) face à la raréfaction des protéines et du gaspillage alimentaire, ou encore, la volonté d’un des meilleurs boucher au monde de produire un steak de grande qualité en réintégrant l’élevage dans son élément naturel. Oui, tout cela. Ouf ! 

Pourtant, la scène ne fait que s’échauffer. Car dans les coulisses, près de 15 interventions sont à suivre. Et il y a du talent. Dans la qualité des intervenants, bien sûr (à noter l’excellent Nicolas Bouzou et son « progressisme conservateur »), mais aussi dans la mise en scène. 

Très vite, j’ai été conquis par le modèle des conférences TED aux États-Unis. Des interventions courtes, de 4 à 18 minutes selon les formats, des profils variés aux expériences et savoir-faire divers, des prestations rythmées, inspirantes, avec ce qu’il faut d’énergie, d’humour et d’émotion pour rendre l’ensemble cohérent… finalement, TED réussit un tour de force magistral : rendre le savoir sexy. Et rien n’est laissé au hasard ! La pluralité des thématiques évoquées souligne d’ailleurs l’intelligence de la ligne éditoriale. Chacun aura été minutieusement sélectionné pour parler de politique, d’économie, de religion, afin de traiter de questions environnementales, sociales, ou d’éducation. Dans la forme, rien à redire, donc. Les Talks s’enchainent avec fluidité sous l’aura de Michel Levy-Provençal, créateur de TEDxParis et animateur pour l’après-midi. Pourtant, à mesure que les idées fusent et que s’émoustillent mes petites cellules grises, je m’interroge sur le sens des Révolutions Françaises, titre de cette nouvelle édition. 

« Se réinventer », « renaître », « redonner du sens », « se révéler ». Les formules magiques se multiplient, ravivant ainsi la flemme d’un entrepreneur ensommeillé mais qui, pour une fois, ne peut faire l’impasse sur une évidence : ici, la France qui innove est une France d’excellence. Science Pô, Central, Polytechnique, Berkeley, Cambridge. Autant de noms et de labels d’exceptions qui parsèment les profils de nos intervenants français dans cette nouvelle édition.

Or, à bien des égards, la Révolution Française à laquelle elle renvoie implicitement donne la parole au peuple, c’est-à-dire à tous ceux qui, jusqu’à la fin de la monarchie, n’avaient pas la parole. Alors… que faut-il en déduire ? L’innovation est-elle favorisée par le passage en grande école ? Valorisée par une formation d’excellence ? Et se limite t’elle aux seuls élus appelés à fréquenter ce type d’établissements ? Car si l’heure n’est plus à la glorification de trophées poussiéreux qui ont fait la gloire de notre belle Nation, je reste persuadé que la plus belle innovation rassemble. « Qu’est-ce que la France peut-elle encore offrir au monde ? », l’union d’un 11 janvier 2015, le témoignage d’un peuple qui se soulève en prise de conscience collective. Si l’innovation est un « changement dans le processus de pensée », chacun, individuellement, doit avoir son rôle à jouer. 

TEDxParis participe assurément au rayonnement français. Par la qualité de ses contenus (à retrouver prochainement sur www.tedxparis.com et sur Youtube) et l’ambition de « passer de l’idée à l’action » fertilisée par un nouvel événement de la communauté : l’Échappée Volée. Intimement persuadé de la puissance de son action, je mets toutefois une réserve sur une forme d’élitisme qui perdure dans l’expression du savoir. A quand l’intervention de « Monsieur tout le monde » ? »

MA Colaciuri,

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En donnant la parole à Rand Hindi, spécialiste de l’intelligence artificielle qui a monté sa première start-up à 14 ans, Abnousse Shalmani, d’origine iranienne, qui se bat notamment contre le port du voile, ou Julie de Pimodan, ex-Google, qui a fondé Fluicity pour permettre de renouer le dialogue entre citoyens et élus, les équipes d’organisation montrent une nouvelle fois combien il croient en la force de l’exemple pour «reprendre la main sur notre destin collectif». Très intelligent.

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Une approche tellement bien reçue qu’à partir de 2016, il y aura plusieurs conférence par an à Paris (contre un majeur aujourd’hui, NDLR). On ne peut que saluer les initiatives de ce types, malgré un prix qui n’est pas encore accessible de tous. Enfin, les cycles de conférences à L’Échappée volée vont s’étendre sur un temps plus long dès l’an prochain. Tous ces événements devraient permettre de lancer et d’accélérer des projets.

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B E – I N S P I R E D


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MA Colaciuri, & Alizée English

Vos Dettachées Reporter