« Search Racism, Find Truth » : la campagne YouTube impossible à skipper !

Cela ne vous a pas échappé, un nouveau format publicitaire vient de faire son apparition dans la sphère YouTube : le Bumper Ads ! Inspiré de Vine, il s’agit d’une vidéo pré-roll de six secondes qu’il ne sera pas possible de passer. Pourquoi vous parler de ceci ? Hé bien, cette nouveauté aurait pu avoir inspiré la campagne « Search Racism, Find Truth » !

 

Menée par l’association allemande Welcome Refugees le but de la campagne publicitaire est simple : dès qu’une requête vidéo associée au racisme est effectuée, une publicité impossible à skipper apparait. Plus fort encore : le contenu du pré-roll va même jusqu’à s’adapter au contenu que souhaite visionner l’internaute.

Par exemple, lorsque un internaute cherche une vidéo de Lutz Bachmann – l’organisateur du mouvement anti-islamiste PEGIDA – un pré-roll s’active avec le message suivant :

« Tout de suite, vous allez entendre Lutz Bachmann vous dire que tous les réfugiés sont des criminels. Je ne suis jamais allé en prison. Mais Lutz Bachmann, oui. Le leader de Pegida a déjà été condamné pour vol, violence, cambriolage et trafic de drogue. Je n’ai jamais enfreint la loi. Mais nous avons une chose en commun : nous avons tous les deux fui.

J’ai fui la guerre pour me rendre en Allemagne. Et Lutz Bachmann a fui la justice pour se rendre en Afrique du Sud. Votre leader est aussi un réfugié. Cliquez ici [il pointe du doigt un onglet “dépassez les préjugés”] et découvrez plus de choses à propos de nous. »

Une fois la vidéo terminée, un onglet « dépassez les préjugés » s’affiche pour permettre aux internautes de ne pas regarder la vidéo d’extrême droite mais au contraire de se rendre sur le site « Search Racism, Find Truth » et de découvrir des dizaines de témoignages de trois minutes.

 

 

Quelle est la cible de cette campagne ?

Jonas Kakoschke, co-fondateur de l’association, explique sur la BBC avoir mis en place cette campagne reprenant des récits personnels non pas dans l’espoir de faire changer d’avis les néonazis mais il espère plutôt toucher une frange de la population qui a peur, qui se sent déstabilisée par l’arrivée des migrants.

Et pour cela il mise sur un atout charme, Firas Al Shater,  que l’on retrouve parmi les 9 spots vidéos qui tournent actuellement. Le youtuber syrien de 26 ans, qui vit désormais à Berlin, dénonce le racisme à travers l’humour. Sur sa chaine, au fil de ses vidéos, Firas nous raconte son parcours, son quotidien en Syrie mais aussi son intégration en Allemagne.

Il est notamment l’auteur d’une vidéo comique qui a fait sensation il y a deux mois. On l’y voit se bander les yeux et se placer sur la célèbre place Alexander de Berlin avec une pancarte indiquant : « Je suis réfugié Syrien, je vous fais confiance. Me ferez-vous confiance ? Venez dans mes bras ! »

Cette vidéo lui a valu de nombreuses retombées médiatiques et aujourd’hui les journalistes du monde entier se pressent dans son studio berlinois pour décrocher une interview de cette « nouvelle star ».

 

YouTube : nouveau terrain de jeux des idéaux ?

Cependant d’un point de vue « youtubesque » on peut se poser une question tout simple. Acheter de l’espace publicitaire à ces chaines xénophobes ne reviendrait-il pas en quelque sorte à financer leurs propos ?

Jonas Kakoschke nuance en appuyant le fait que cela pourrait – au contraire – être un moyen de pousser ces chaines à arrêter de monétiser leur contenu, afin de ne pas pusher des contenu pro-immigration avant leurs vidéos. Et plusieurs médias l’ont souligné, cette campagne fait écho aux problèmes rencontrés l’année dernière par certaines marques allemandes.

Comme le rappelle Rue 89, le site d’informations du Spiegel avait épinglé plusieurs marques en annonçant que leur vidéos publicitaires précédaient des vidéos relayant du contenu d’extrême droite.

Les marques citées avaient immédiatement fait part de leur incompréhension expliquant que leur ciblage publicitaire excluait déjà certains mots clés xénophobes. YouTube de son côté, contactés par les marques, avait simplement rappelé ses règles de publicité : « Dans le cas où des contenus sont inappropriés pour nos partenaires publicitaires, nous prenons des mesures pour qu’aucune publicité n’apparaisse sur les vidéos, les canaux ou les pages correspondantes. »

 

Alors qu’en pensez-vous, YouTube a-t-il les épaules assez fortes pour supporter une guerre des idéaux ?

 

 

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Votre Dettachée,

Fanny, contac@dettacheedepresse.com